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vendredi 21 avril 2017

La Juventus, une pointure qui risque fort de mettre un terme au parcours de l'AS Monaco

S'il y avait une équipe à éviter lors du tirage au sort, c'était bien celle de Massimiliano Allegri. La Vieille Dame est dans la force de l'âge, un mélange parfait entre jeune pépites, cadres en pleine bourre et vétérans d'exception. Depuis le mois d'août, la Juve domine de la tête et des épaules son championnat (26 victoires en 32 journées, 8 points d'avance au classement), et s'amuse en Ligue des Champions (7 victoires et 3 nuls, seule équipe invaincue).
Aujourd'hui, les partenaires de l'éternel Gianluigi Buffon sont d'une incroyable solidité à tous les étages, et leur trouver un point faible relève presque de l'impossible.

Une défense en béton armé.

L'autre BBC d'Europe se trouve du côté de Turin, avec le trio Buffon - Bonucci - Chiellini. Le premier porte les couleurs de la Juve depuis 2001, le second depuis 2010, et le dernier depuis 2005. Cela fait donc 7 ans qu'ils forment la meilleure défense d'Europe, et ce peu importe le système de jeu ou le reste de la composition d'équipe. Leur bilan est éloquent : 5 titres en Série A, 3 en Supercoupe d'Italie, une Coupe d'Italie. La Ligue des Champions leur tendait les bras en 2015, après avoir éliminé Dortmund, Monaco et le Real Madrid, mais l'absence de Chiellini lors de la finale et l'infernal trio du Barça ont eu raison d'eux.


Cette saison, ils sont entourés par Daniel Alves et Alex Sandro, deux latéraux très complets qui font la loi dans leur couloir. Après 8 ans passés comme titulaire indiscutable au Barça, Dani Alves est un monstre sacré à son poste, et ses 33 ans ne l'empêchent pas d'être intraitable défensivement. Côté gauche, Sandro est un autre joli coup réussi par la Juve. Arrivé de Porto en 2015, il a progressivement poussé Evra vers la sortie, s'imposant comme l'arrière gauche titulaire des Bianconeri.
Sur le banc, les noms font également rêver beaucoup de cadors en Europe : Andrea Barzagli, Daniele Rugani et Mehdi Benatia pour faire souffler la charnière centrale, Stephan Lichtsteiner derrière Dani Alves, et Kwadwo Asamoah en soutien de Sandro.
La preuve que les Turinois ont aussi une profondeur de banc phénoménale.

Un milieu extraordinairement complémentaire.

Dans le 4-2-3-1 d'Allegri, la paire Pjanic-Khedira fait office de pilier du système : si l'un ou l'autre passe(nt) à côté, tout s'écroule. Mais ces deux joueurs sont hors-normes, et répondent présent match après match.
Le Bosnien, arrivé de la Roma, est le nouveau chef d'orchestre de la Juve. Sa vision du jeu et son toucher de balle en font un artiste qui abreuve ses attaquants de passes chirurgicales. Son rendement offensif est d'ailleurs à la hauteur des attentes (8 buts, 11 passes décisives).
L'Allemand, de son côté, se rappelle au bon souvenir du Real Madrid, qui n'a pas particulièrement insisté pour prolonger son contrat, avant de le laisser partir libre à Turin. Débarrassé de ses pépins physiques, il s'impose de nouveau comme ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être : l'un des meilleurs milieux défensifs de la planète. Son abattage est colossal, son volume de jeu sidérant, surtout pour un joueur aussi costaud physiquement (1,90 m pour 85 kg), et il fait désormais preuve d'un potentiel offensif insoupçonné : 5 buts et 2 passes décisives.


Quand Allegri doit faire tourner, il peut, là aussi, compter sur des joueurs très fiables, tels que Claudio Marchisio, Mario Lémina, Kwadwo Asamoah (encore lui), Stefano Sturaro ou Tomas Rincon.

Un quatuor offensif impossible à contenir.

En attaque, Allegri a choisi de laisser la pointe au seul Gonzalo Higuain, sans reléguer Mandzukic, précieux dans les duels, et Dybala, véritable magicien du ballon, sur le banc. Il a donc adapté son système à ce trio, dans le but de pouvoir aligner tout le monde. Et ce pari est une franche réussite, alors que peu d'observateurs étaient convaincus par la position d'ailier gauche du Croate.
Quant à Dybala, il joue comme un faux meneur de jeu, et se balade librement entre les lignes adverses. Higuain lui sert de point de fixation, tandis que Cuadrado vient compléter ce carré d'as en mettant le feu sur son couloir droit.


C'est peu dire que leur association fait des ravages : ils totalisent 55 buts et 27 passes décisives, sur les 92 inscrits par la Juve cette saison.
Même si les remplaçants sont moins nombreux devant, avec les seuls Marko Pjaca, Kwadwo Asamoah (décidément) et Moise Kean, le banc reste qualitatif, et le coach peut toujours adapter son système de jeu tant ses joueurs sont complets.

samedi 15 avril 2017

Pour LeBron James, il est de nouveau temps de porter Cleveland

Alors que les play-offs démarrent ce week-end, les Cavaliers vont devoir hausser le niveau pour conserver leur titre. Privés de la première place à l'Est par les Celtics, qui ont su exploiter leur terrible mois d'avril (4 défaites en 7 rencontres), les partenaires du "King" doivent se faire pardonner à l'occasion du premier tour qui les opposera aux Pacers.
Et, pour cela, la franchise de l'Ohio peut compter sur LeBron James, qui s'est déjà montré capable de véritables miracles au-delà de la saison régulière.

2007, le plus improbable.

Pour sa quatrième saison, James tourne à plus de 27 points par match, et participe aux play-offs pour la deuxième fois de suite. Impérial tout au long de l'année, il offre même la deuxième place de l'Est aux Cavaliers, malgré un effectif atrocement moyen (Hughes, Pavlovic, Gooden et Ilgauskas étaient les autres titulaires).
Au premier tour, Cleveland se permet un sweep sur Washington (28 points de moyenne pour James), malgré des écarts très faibles (9 points en moyenne). Les Cavaliers ont ensuite fort à faire face aux Nets du New Jersey, en demi-finales de l'Est (4-2). Mais même le trio composé de Jason Kidd, de Vince Carter et de Richard Jefferson sera impuissant face au talent du jeune ailier, écœurant de facilité (24,5 points de moyenne). Pour accéder à la dernière marche, le "Chosen One" doit alors écarter les Pistons de Détroit, champions en 2004 et finalistes en 2005. Ce n'est qu'un détail pour LeBron, encore auteur d'un récital (25,5 points de moyenne).

LeBron James, esseulé face aux Spurs
Malheureusement, les finales NBA tournent à la catastrophe pour le "King", plus seul que jamais, qui ne pourra pas résister à la démonstration des San Antonio Spurs (4-0), malgré des statistiques forçant le respect (22 points de moyenne).
Même sans le titre, cette épopée restera peut-être comme sa plus glorieuse, autant pour ses performances que pour le niveau de ses partenaires.

2009, le plus accompli statistiquement.

Toujours accompagné d'une équipe incroyablement fade (Williams, West, Wallace et Ilgauskas), il défie de nouveau les probabilités en portant sa franchise à la première place à l'Est lors de la saison régulière, avec le meilleur bilan de la NBA (66 victoires pour 16 défaites) !
Au premier tour des play-offs, les Cavs retrouvent Détroit, qui subira un sweep douloureux (15,5 points d'écart en moyenne), dans le sillage d'un LeBron James de gala (32 points de moyenne). Vient ensuite Atlanta, qui ne pourras pas résister aux coups de boutoir d'un "King" en mission (34 points de moyenne), et qui essuiera aussi un sweep cruel (18 points d'écart en moyenne).

Face à Dwight Howard, leader d'Orlando, et Mickaël Piétrus, chargé de défendre sur lui, James a manqué de soutien
Mais l'aventure s'arrêtera lors de la finale de l'Est, contre le Magic d'Orlando (4-2), lui aussi porté par une star : Dwight Howard. Celui-ci profitera d'un effectif plus solide (Nelson, Lee, Türkoglü et Lewis) que celui de Cleveland pour faire la différence dans ce duel d'anthologie entre les deux joueurs. Le "Chosen One" sortira par la grande porte, avec 38,5 points de moyenne, remportant son duel statistique avec le pivot (26 points de moyenne).
Avec une moyenne de 35 points par match en 14 rencontres de play-offs, le tout à plus de 50 % au tir, James établissait déjà de nouveaux standards de performance.

2015, le plus frustrant.

De retour dans l'Ohio après quatre saisons du côté de Miami, le "King" n'a qu'un seul objectif en tête : offrir à sa franchise un premier titre NBA. Derrière une surprenante équipe d'Atlanta, Cleveland accroche une belle deuxième place à l'Est, et aborde les play-offs avec ambition.
Le premier tour, comme d'habitude, tourne rapidement au sweep, avec les Celtics comme victimes d'un LeBron déterminé (27 points de moyenne). Malheureusement, Kevin Love se blesse lors du dernier match, et manquera le reste de l'aventure. Les Cavs doivent ensuite se débarrasser des Bulls de Chicago, toujours difficiles à manier en play-offs. Les 26 points de moyenne de LeBron leur permettront d'éviter le piège (4-2). Pour accéder aux finales NBA, Cleveland fait alors face aux Hawks d'Atlanta, impeccables en saison régulière. Malgré l'absence d'Irving à la suite du premier match, les joueurs de l'Ohio feront très forte impression en se permettant un sweep remarquable (13 points d'écart en moyenne), avec un James en feu (plus de 30 points de moyenne).

Sans Kyrie Irving et Kevin Love, impossible de résister seul aux Warriors
En finale, Irving reviendra de blessure pour une rechute dès le premier match, que Cleveland perdra. Malgré un formidable sursaut d'orgueil du "King" dans la foulée, Golden State remportera la série sans trembler (4-1) face à des Cavaliers privés, en plus d'Irving et Love, de précieux remplaçants tels que Shawn Marion et Kendrick Perkins. Pourtant, James aura fait son possible, repoussant les limites de l'imaginable (36 points, 13 rebonds et 9 passes décisives de moyenne).

2016, le plus beau.

Suite à ce terrible dénouement, LeBron se prépare comme jamais durant l'été, afin de ne pas rater un nouveau rendez-vous avec l'histoire. La saison régulière est un succès, avec une première place à l'Est et le troisième bilan de la NBA (57 victoires pour 25 défaites).
Pour perpétuer la tradition, Cleveland se permet un nouveau sweep dès le premier tour, contre Détroit, une série durant laquelle James fait sa part du travail sans forcer (23 points, 9 rebonds et 7 passes décisives de moyenne). Les Cavaliers retrouvent ensuite Atlanta, pour un sweep autoritaire (12,5 points d'écart en moyenne), tandis que LeBron fait le nécessaire (24 points de moyenne). Pour la finale de l'Est, les joueurs de l'Ohio s'offrent une belle équipe de Toronto après une confrontation assez spectaculaire (4-2), sans que James ne hausse véritablement le ton, se préservant quelque peu pour la finale.

Avec ce contre monumental, le "King" vient de mettre la main sur le titre
Celle-ci les opposera de nouveau à l'équipe des Warriors, qui vient alors de réaliser la meilleure saison régulière de l'histoire (73 victoires pour 9 défaites). Cleveland n'est pas donné favori, et les premiers affrontements vont dans ce sens. Golden State mène sereinement 3-1, ce qu'aucune franchise n'a su remonter dans l'histoire des finales NBA. Curry et ses partenaires ont même l'occasion de conclure à domicile, mais James, jusqu'alors à moins de 25 points de moyenne, se réveille pour permettre aux Cavs de garder un fol espoir. Il inscrit 41 points et prend 16 rebonds dans la baie d'Oakland, et plante de nouveau 41 points chez lui.
Vient alors le "Game Seven", qui peut sacrer les Warriors comme la meilleure équipe de tous les temps, ou faire de James un joueur unique dans l'histoire des play-offs. La deuxième option sera la bonne. Le "Chosen One", qui justifie son surnom, signe un triple-double (27 points, 11 rebonds et 11 passes décisives), accompagné d'un contre magistral et décisif sur Iguodala à 89-89, avant de marquer le dernier point de la rencontre pour placer Cleveland hors de danger (93-89).
LeBron James devient alors le premier joueur à posséder la meilleure moyenne de son équipe dans toutes les catégories statistiques (30 points, 11 rebonds, 9 passes décisives, 2,5 interceptions et 2,5 contres par match). Il permet aussi à sa franchise de remporter son premier titre NBA, qui plus est de manière unique, en passant de 1-3 à 4-3.


James est donc un joueur hors du commun, de la trempe des Michael Jordan, Kobe Bryant et Larry Bird, qui peut espérer les dépasser en réalisant un nouvel exploit cette saison. S'offrir un back-to-back avec une franchise qui n'avait jamais remporté le titre serait monumental, à lui de montrer la voie à ses partenaires.

mercredi 5 avril 2017

Edinson Cavani, le buteur en manque de gratitude

Trois saisons durant, Cavani s'est retrouvé bloqué au poste d'ailier gauche, pour ne pas faire de l'ombre au grand Zlatan Ibrahimovic. Dans ce rôle ingrat pour un attaquant de pointe, il n'a pas ou peu protesté, travaillant simplement et sobrement pour son équipe, en affichant déjà des statistiques remarquables (81 buts et 15 passes décisives en 148 matches).
Mais le départ du Suédois, l'été dernier, lui permet enfin de s'exprimer à son vrai poste. Malgré un ratio monstrueux et son statut de meilleur buteur d'Europe, il ne fait toujours pas l'unanimité. Retour sur cette saison mouvementée pour le "Matador".

Le jour et la nuit en début de saison.

Pour ses premières titularisations en pointe, l'Uruguayen, très attendu, déçoit par sa maladresse. D'abord en Ligue 1, à l'occasion de la venue de Metz (3-0), au cours duquel Cavani multiplie les ratés, sans pouvoir trouver le chemin des filets. Deux matches et un but plus tard, les Parisiens ont rendez-vous avec Arsenal en Ligue des Champions.
Cavani marque sur son premier ballon, après moins d'une minute, mais les 89 qui suivront seront un véritable calvaire. Toujours aussi précieux pour gêner la relance adverse, il perd en lucidité dans la finition, et manque une petite dizaine d'occasions franches (1-1). Les supporters le lâchent, la presse le stigmatise, et les dirigeants sont obligés de lui renouveler publiquement leur soutien.
Il répondra sur le terrain, trois jours plus tard, lors d'un déplacement à Caen (0-6). Il signe un quadruplé phénoménal en une mi-temps, puis demande le changement, signe du devoir accompli. Ses détracteurs mettent alors en avant la différence de niveau entre les Gunners et le Stade Malherbe, pour minimiser sa performance.


Deux mois plus tard, à l'approche de décembre, il compte 11 buts en autant de rencontres de Ligue 1, alors que Paris se déplace à Lyon. Imperturbable, il sera sans pitié pour les partenaires de son rival, Alexandre Lacazette, en signant un doublé (1-2). Quinze jours après, le PSG reçoit Nice, leader surprise du Championnat. Tandis que sa défense lâche, Cavani sauve les meubles en s'offrant un nouveau doublé (2-2), privant les Aiglons d'une précieuse victoire sur un concurrent direct.
Il termine la première moitié de saison avec un formidable bilan de 24 buts en 23 matches, toutes compétitions confondues.


Une régularité pas toujours saluée par le grand public.

Aujourd'hui, Cavani est à 40 buts en 40 matches joués, ce qui en fait le meilleur buteur d'Europe. Il a été le seul à surnager lors de la défaite à Barcelone (6-1), tout en sortant ses partenaires de plusieurs pièges en Ligue 1 (2-0 à Nantes, 1-1 contre Monaco, 1-0 contre Nancy).
Sa capacité à répéter les efforts, en défense comme en attaque, ainsi que ses buts spectaculaires, font de lui un attaquant redouté par tous, et désormais reconnu à sa juste valeur par certains spécialistes.
Décisif lors des grands matches, il a fait douter le Barça (2 buts en 2 rencontres) et tenu tête à Monaco (4 buts en 3 rencontres).


Exceptionnel en première intention, il est très dur pour les gardiens d'anticiper ses gestes de génie, au même titre que d'anticiper ses appels, parmi les meilleurs d'Europe, pour les défenseurs.
En revanche, ses lacunes lors des percussions balle au pied sont encore souvent pointées du doigt, mais un joueur qui marque un but toutes les 80 minutes devrait bénéficier d'un soutien plus conséquent, car il est loin d'être l'unique responsable des (rares) mauvais résultats de son équipe.